Dans le cadre de ce dernier projet, j’ai souhaité m’interroger sur l’architecture rurale et sa place dans l’identité de nos régions.
La guerre de 100 ans n’a laissé aucun vestige des constructions rurales du Moyen-Age. L’architecture des villages telle que nous la connaissons date donc du XVIIème siècle.
Les corps de ferme hérités des siècles précédents étaient organisés autour d’une cour. L’ensemble des bâtiments, même si certains étaient très anciens, étaient utilisés. L’ensemble était lié à l’organisation de la polyculture à dominante bovine.
Le cheval était indispensable au labour des exploitations agricoles. Mais à partir des années 1960, avec la diffusion d’outils tels que la moissonneuse batteuse et autres engins agricoles, le cheval perd son dernier rôle utilitaire.
Labour dans les années 1960 en France, la charrue évolue.
Ce n’est que dans les années 1970, avec le passage du Cadre Noir de Saumur, alors cavalerie militaire en cavalerie civile, que le cheval va réellement gagner sa place dans le monde du sport et du loisir.
Cavalière allemande en 1977.
Cette évolution de notre rapport à l’animal permet de se questionner sur l’évolution de notre patrimoine rural afin d’y réintégrer le cheval, non plus comme animal utilitaire mais comme animal de loisir, et ainsi de recréer une symbiose entre patrimoine, Homme et animal.
Le projet prendra place dans le département de la Seine et
Marne, qui est le premier département agricole de France .
Ce département compte 336000 hectares dédiés à l’agriculture. Néanmoins, son patrimoine bâti, reconnu par beaucoup comme essentiel à l’identité de leur région, est chaque jour menacé par l’uniformisation agricole ou par la disparition des bâtisses.
Pourtant, le pays de Nemours est situé en pleine nature, à l’orée de la forêt de Fontainebleau et de Larchant, à 80 km de Paris. Occupé dès la Préhistoire, le territoire regorge de sites remarquables datant de cette période, tels que les fouilles archéologiques Ormesson.
Foret de Larchant
Etang de Grez
Le patrimoine rural qui nous intéressera dans le cadre de ce projet se situe dans la commune de Bougligny, à 10 km de la ville de Nemours.
Cet ensemble architectural est constitué de plusieurs bâtiments de formes simples et relativement basses, témoins de l’évolution de l’architecture agricole. Ils se compose de bâtiments rectangulaires dans lesquels les différentes fonctions se succèdent perpendiculairement au toit.
Requalifier ce patrimoine rural en gite pour accueillir une génération de touristes passionnées permettra de répondre aux nouvelles problématiques économiques et touristiques de la région, tout en proposant un lieu dédié à l’animal, renforçant notre lien à celui-ci.
LE PROJET – DEMARCHE
Ce projet implique de travailler dans une enveloppe existante. Le bâtiment se transformera en une série d’espaces résidentiels, privés ou communs, liés à la pratique de l’équitation.
La première étape du projet réside dans la création de cellules abritant les différents services (chambres, boxes, salons, cuisine…), indépendamment de l’enveloppe existante.
La deuxième étape du projet consiste à intégrer ces cellules à l’enveloppe existante. J’ai donc défini et qualifié des interstices, afin que venir rythmer l’intégration des cellules au bâtiment.
La cellule, pensée comme une boite tridimensionnelle rectangulaire, vient s’étendre et s’affiner pour devenir comme une feuille se déployant dans l’espace. Ce travail plus léger permet de créer une libre circulation entre le bâtiment existant, tout en créant de nouveaux espaces intermédiaires.
L’ensemble du projet se focalise sur la place de l’animal et son retour dans notre patrimoine architectural rural. L’ensemble du bâtiment s’organise autour des écuries qui se trouvent dans le bâtiment central ainsi qu’autour d’une carrière dédiée à la pratique de l’équitation.
Ce choix d’agencement permet que l’animal retrouve sa place centrale aussi bien physiquement que symboliquement.
Le jeu crée par la mise en place des interstices permet de créer un lien et un liant entre l’existant et mon intervention, comme une architecture organique qui entretient un lien entre le citadin et la nature, pour le bien être du premier et le respect du second.
plan d’ensemble des chambres, aile sud, échelle graphique
accès aux chambres
Après avoir traversé une buanderie, espace intermédiaire entre monde de l’Homme et celui de l’animal, nous accédons aux écuries. L’espace se compose de 9 boxes individuels de 11m2 ainsi que d’un espace de stockage alimentaire, et un accès à des combles pour le stockage du foin et de la paille.
plan d’ensemble des écuries, aile ouest, échelle graphique
Les boxes ont été pensés de la même manière que les cellules abritant les chambres. Ceux-ci viennent se déployer dans l’espace en créant des zones de circulation, d’attente ou encore de soin pour les animaux.
accès aux boxes
L’intégralité des espaces équins sont traités dans les mêmes matériaux que les espaces dédiés aux hommes, avec un soin particulier apporté au confort de l’animal.
Après avoir traversé les écuries et rangé notre équipement dans la sellerie, nous découvrons la salle à manger, attenante à la cuisine.
plan d’ensemble aile nord, échelle graphique
Ce lieu, pensé comme un lieu de rencontre, permettra à chacun d’échanger, comme les cavaliers ont l’habitude de le faire après une journée de compétition ou de sortie. Grace au travail d’ouverture qui se poursuit dans cet espace, de nombreux points de vue sont crées sur la cour intérieure.
cuisine ouverte
Nous découvrons l’aile sud-ouest du bâtiment, attenant à la salle à manger. Nous y accédons par les deux arches se trouvant de part et d’autre de la cheminée, ou par la cour intérieure.
plan salons et accueil, aile nord ouest, échelle graphique
Les différentes ouvertures viennent rythmer les salons, créant ainsi de nombreuses perspectives sur les extérieurs. Ici la circulation principale est définie non plus par des cellules, mais par la cheminée.
Les hôtes sont invités à rester au coin du feu pour prendre un verre, avant de passer dans la salle à manger et profiter de leur soirée.