Clémence Picard

Seuls les souvenirs marqueront cette « expérience » et ce rapport au temps hors du commun. La photographie, la peinture permettent également de figer l’instant, de capture le temps.

 

CAPTURER LE TEMPS

Grâce à des références ou des allégories qui font directement penser cette temporalité. En intégrant la lumière, cela me permettra de situer une heure ou une saison par l’intensité et la couleur qu’elle renvoie tout en créant un jeu d’ombres et de contrastes. La présence d’éléments liés au vieillissement est important pour comprendre ce phénomène de temps passé. Des fleurs fanées, des fruits abîmés, une bougie consumée, une tasse oubliée ou encore un livre ouvert… permettent de marquer le passage du temps.

 

COMPOSER DES MISES EN SCENE

Pour réussir à intégrer toutes ces allégories, je vais construire des compositions qui les mettent en scène. Je souhaite que ces compositions dégagent un certain silence, l’idée du temps suspendu. Le silence c’est aussi le moyen de créer une véritable rupture avec l’agitation du quotidien.

 

CREER UN ENSEMBLE DE MOBILIER

Pour créer ces compositions je souhaite mettre en scène du mobilier domestique, cohérent avec l’ensemble des éléments répertoriés précédemment. Le mobilier domestique renforce cette idée de ralentissement et de pause dans le temps. Je vais imaginer un fauteuil, une chaise, une table haute, une table basse, et de plus petits objets pour intégrer mes allégories comme un vase, une tasse, et une corbeille de fruits.

Cette démonstration du temps, la manière de le raconter passe également par tout le temps que je vais passer sur le processus de création et de production.

 

dessins de recherche effectués pendant le projet.

 

A partir de tous mes dessins j’ai commencé le travail d’assemblage et de composition. Ces mises en scène me permettent de développer et d’interpréter les formes. Elles apportent une nouvelle lecture des textures et des couleurs.

 

La chaise, la table, le vase, la corbeille de fruit et la tasse : tous fonctionnent autour de la thématique du petit-déjeuner. La tasse me permet d’ajouter l’allégorie de la tasse oubliée, la corbeille des fruits abimés et le vases des fleurs fanées.

 

LE MATIN

J’ai travaillé sur une lumière qui correspond à celle d’une chaude matinée d’été. Elle apporte un jeu d’ombres, et est très présente de part son intensité et sa couleur très jaune. On retrouve tous les éléments de mobilier mis en scène dans la composition.

En recadrant l’image, une nouvelle lecture et perception des objets est possible. On aperçoit bien le café encore fumant, les fruits en état de décomposition et les fleurs qui se fanent.

 

Cette deuxième composition reflètent plus l’idée d’un salon. Le café oublié lors d’un temps de repos, après le repas. On trouve également la présence d’un livre ouvert et des fleurs fanées.

 

L’APRES-MIDI

La lumière nous indique qu’il s’agit de la pleine journée. Le marquage de la lumière sur le mobilier et l’ombre en arrière plan permettent de mettre en avant tous les objets par rapport à l’espace.

 

Ce cadrage accentue l’idée du vieillissement. Cette fois la tasse ne montre aucun signe de chaleur et les fleurs tombées marquent leur état. Comme si le temps s’était arrêté depuis très longtemps.

 

Cette fois-ci c’est la lampe qui remplace le pot fleurs. On imagine qu’elle peut-être allumée et donc très certainement qu’il s’agira d’un moment de la journée plus sombre et contrasté.

 

LA NUIT

Il s’agit d’une composition qui représente une scène du soir, assez tard et de par sa couleur on peut imaginer une chaude soirée de juin. La lumière rouge-orangée nous donne un indicateur même si l’interprétation reste très personnelle. La lampe permet d’éclairer les objets.

La tasse toujours présente, agit comme un fil conducteur tout au long des mises en scène.

Toute cette réflexion autour de la question du temps, mise en scène à travers des compositions, aura été une étape primordiale pour développer mon mobilier. La finalité de ce projet c’est les objets. Le temps n’aura été qu’un prétexte à leur conception.

Un peu à la manière d’un peintre, j’invite celui qui me regarde à interroger ses souvenirs et à interpréter les scènes et le mobilier selon sa vision personnelle.

 

Les objets fonctionnent de manière autonome et universelle. Il peuvent aussi exister ensemble si on le désire mais ce n’est pas l’objectif de ce projet.